Osée Elektra au Slamouv : « Je vais dire que nous sommes vivants malgré tout ce qui nous tombe dessus »

Une année après la sortie de son EP « Cocktail », le rappeur et slameur congolais Osée Elektra revient avec le freestyle « Kasima », qu’il dévoilera ce 4 avril. Le gomatracien a été invité à la quatrième édition du Festival International Slamouv, qui a pour objectif de promouvoir le slam et également de rassembler pour échanger et resauter. Interview.
T.A : Nous ne ferons pas l’affront de te présenter ou de te demander de le faire…Cependant : si aujourd’hui, tu devrais parler de toi à un enfant de 3 ans, que lui dirais-tu en quelques mots ?
O.E : Je dirais que je suis un artiste qui utilise les mots et les sons pour partager les histoires de son époque, partager son histoire mais aussi partager les émotions.
T.A : Il y a exactement une année que tu as dévoilé l’EP « Cocktail », ton premier grand projet de carrière. Quels sont tes ressentis après ce premier anniversaire ? Comment crois-tu avoir fait évoluer la discipline du slam au Congo par le biais de cette œuvre ?
O.E : Je pense que parler de mes ressentis, jusque-là, je vais dire que je suis satisfait parce que j’ai créé un carrefour où les mots et les émotions se rencontrent. C’était aussi un carrefour où les cultures, les identités, les expériences, que ça soit personnelles ou universelles, se rencontrent aussi. Pour moi, c’était un plaisir de voir que je peux créer un autre goût par rapport au slam. Je suis parti chercher un peu partout dans la musicalité, dans la création des textes…j’ai touché partout pour créer ce cocktail et le public a bien reçu. Ce que j’ai apporté dans l’industrie du slam congolais ? J’ai montré que c’était possible de faire le slam autrement en y intégrant un peu de soi, un peu de goût venant d’ailleurs. C’est possible de faire du slam sans pour autant rester classique.
T.A : En décembre 2024, tu as fait le concert « Parade des soldats » pour présenter ton EP, en live au public. On aimerait savoir comment tu as vécu ce moment. C’est le meilleur concert de ta jeune carrière ?
O.E : Pour dire vrai, c’est le plus grand concert jusque-là. Mon plaisir se situe au point où j’ai créé « Cocktail » pour partager les expériences, pour que ça soit un moment de rencontres personnelles, ça soit un moment où on rencontre les autres. Voir les gens venir rencontrer les autres, voir les gens venir se rencontrer eux-mêmes, que ça soit moi qui les ai invités, c’est un moment magique.
T.A : Malgré cette année 2025 chamboulée par la situation sécuritaire et politique chaotique dans ta ville, tu es parmi les invités de la quatrième édition du Festival International SLAMOUV, qui se tiendra à Brazzaville, au Congo Brazza, du 10 au 13 Avril prochain. Qu’est-ce que cela te fait d’être parmi tant d’artistes invités ?
O.E : C’est un honneur parce que c’est un grand festival du slam en Afrique. Et ce qui est bien, c’est un évènement qui ne se résume pas qu’au slam. Il y aura de grandes stars et Osée Elektra sera parmi eux, surtout au dernier jour du festival, cela veut dire qu’il y a une forte considération de l’artiste que je suis. Ça me fait énormément plaisir. C’est une façon pour moi de grandir. Vivement, j’ai hâte.
T.A : Tu pars à cet évènement avec quels objectifs ? Avec quels messages de ta ville et ta région tu vas porter à ce festival ?
O.E : Premier objectif, je vais faire le show. Je vais faire un très bon show. Deuxième objectif, je vais apprendre. Je vais dire que nous sommes vivants malgré tout ce qui nous tombe dessus, on n’est pas mort, nous n’avons pas abandonné, nous croyons toujours qu’un meilleur lendemain existe. Tout ce que nous demandons au monde, ce n’est pas la pitié, c’est de nous regarder avec un œil de soutien, un œil qui comprend ce que nous vivons.
T.A : « Kasima » est ton nouveau son qui sort ce 4 avril. Tu as certainement muri en tant qu’artiste mais on aimerait savoir quel genre de Osée le public doit s’attendre pour cette année 2025 ?
O.E : C’est pour rendre hommage à l’endroit qui m’a vu naître en tant qu’artiste, c’est cet endroit où je faisais de petits concerts à 100 FC, ou deux ou trois personnes venaient me voir. On organisait de petits concerts ou la passion pour l’art, pour la scène…naquit. Cette année, bien sûr que j’ai mûri artistiquement, mais cela ne veut pas dire que je vais m’éloigner de ce que je suis. Quand je dis mûrir, cela veut dire j’ai accepté d’exploiter ce que je suis, accepter d’exploiter la musique qui coule en moi et qui m’a vu grandir, qui constitue mon identité…c’est aussi ça que je vais commencer à balancer à mon public car c’est un voyage de découverte de soi.
T.A : Si tu devais passer un message à ces jeunes congolais comme toi qui sont en quête d’identité, de repère…que leur dirais-tu ?
O.E : Je leur dirais : restez vivants, restez-vous, quoi qu’il arrive, gardez espoir parce que le soleil finit toujours par apparaître.
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