Kinshasa – Braquage Rawbank : et si ce n’était qu’un contrefeu ?

Une braqueuse sexy, un policier qui fait l’escargot, d’autres en shooting et un public en extase…voilà ce à quoi aura ressemblé le petit jeu vidéo mettant en scène une femme claire à la peau totalement depigmentée et la police nationale congolaise, dans un des court-metrages dignes d’un épisode d’une série policière des années 80. Et si ce n’était qu’une simple diversion ?
Au moment où les yeux et les attentions étaient encore rivés à Nairobi, où la cravate rouge de Matata Ponyo a ressurgi et d’où l’ancien président Joseph Kabila a propulsé une nouvelle dynamique politique hostile à Kinshasa, l’intérêt a déplacé son curseur d’un coup, vers l’avenue Kasa-Vubu où, paraît-il, un braquage grandeur nature se serait produit. Une femme claire, dont les postérieurs toutes aussi claires ont été exhibés, serait le cerveau de l’opération. Quel courage inimaginable !
Et si c’était un simple détournement d’attention ?
En stratégie politique, ça s’appelle la diversion, ou alors le contrefeu. Cette technique vise à détourner l’attention du peuple des sujets les plus brûlants, à même de provoquer son indignation ou son insurrection. Le simulacre de braquage vécu à Kinshasa le jeudi en porte les marques.

Tant de questionnements, et seulement peu de réponses, sur le pourquoi du comment et même le mobile de ce braquage qui, non seulement semble sulfureux, mais surtout qui releve de l’impensable. Serait-ce une stratégie montée par Kinshasa pour divertir le peuple congolais qui adore se nourrir des scandales pour se détourner du plus important ? De la dépréciation calamiteuse du dollars, de la naissance du mouvement « Sauvons le Congo » à Nairobi ou du récent discours pathétique de Felix Tshisekedi à Bruxelles ? Une chose est sûre : ce braquage satirique a déclassé tous ces problèmes de l’imaginaire collectif des congolais. À cette heure, c’est le seul sujet qui fait débat partout.
En République Démocratique du Congo, la meilleure manière d’étouffer un scandale c’est de créer un autre. La nouvelle preuve en est que les débats sur le choc économique provoqué par la crise monétaire ont été très vite remplacés par ceux relatifs au braquage de la Rawbank. Bien joué !
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