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Aubin MUKONI, gagnant World Press photo : « Je suis né photographe »

Aubin MUKONI, gagnant World Press photo : « Je suis né photographe »

Une année après Arlette Bashizi, la ville de Goma a enregistré un nouveau nom dans le livre de gagnants du prestigieux World Press Photo. Aubin MUKONI, parce que c’est de lui qu’il s’agit, a été couronné le 27 mars dernier avec son projet à 10 photos : «  Le lac est devenu silencieux » dans la catégorie « Histoires africaines ». De sa passion en photo transmise par son grand père à ce succès « précoce », le gomatracien n’a rien oublié à dire dans la grande interview.

T.A : Ta mère te disais souvent que tu avais hérité la passion pour la photographie de ton grand-père, qui était un photographe amateur. Comment cela t’a aidé à devenir le photographe professionnel que tu es devenu aujourd’hui ?

A.M : Je pense que mon grand père plus qu’un amour sur la photographie. Il m’a appris à voir la vie sous un angle unique…je dirais que je suis né photographe parce que je n’avais pas deux choix dans ma vie. En grandissant, j’ai rencontrais les gens qui m’ont tellement aidé, qui m’ont tellement soutenu et qui continuent à m’aider de travailler encore plus.

T.A : Enfant, tu utilisais une pierre pour photographier tes compères. Qu’est-ce qui t’a aidé à grandir dans cet art ?

A.M : Je pense que ces blagues m’aidaient fort à relever combien de fois la créativité peut naître de simples gestes. Je me souviens pendant les événements à l’école, pendant les cultes…je prenais toujours la pierre comme une caméra pour faire rigoler les gens mais je ne savais pas ce qui se passait autour de ça. Je crois que c’était une vocation que j’étais en train de découvrir petit à petit comme je grandissais.

T.A : Tu as choisi la photographie pour raconter les histoires sur l’environnent, la culture, les droits de l’homme. Pourquoi le choix de ces thèmes ?

A.M : J’ai choisi ces thèmes parce qu’ils reflètent, non seulement mon engagement envers les causes essentielles, mais aussi à travers mes photos, je fais partie de gens qui font de plaidoyers des histoires oubliées et non entendues.

T.A : Tes photos ont déjà fait le tour du monde avec des agences de presse comme L’Agence France Presse et Getty Images, et ont été reprises par de grands médias, notamment France 24, TV5MONDE, CNN , African News, RFI, The Guardian, The Washington Post, Le Monde, La Libération, Reporter Sans Frontières, The Telegraph, The East African, et Ouragan et bien d’autres. Ça te fait ce parcours ? Tu as réalisé tes rêves ?

A. M : Je dirais que je n’ai pas encore réalisé mes rêves parce qu’au moment je dirais que je les ai réalisé, je laisserais ce métier. Voir mes photos voyager autour du monde, à travers les médias, à travers les agences de presse…c’est une grande fierté pour moi et une validation de l’importance de l’art et des histoires que je raconte.

T.A : Parlant de rêves, tu as été parmi les gagnants du World Press 2025 sur le continent africain. Comment tu as accueilli la nouvelle ?

A.M : Il soupire. Ce n’était pas facile pour moi de comprendre. C’était un soir que j’ai reçu un mail de félicitations. J’avais fait à peu près 20 minutes à la porte en train de relire le mail. Pour moi ce n’était pas facile parce que je ne croyais pas que je devais remporter ce prix. C’est une grande fierté et une grande reconnaissance de tous les efforts, de tous les temps de peine et de courage. Je ne sais jusqu’à présent comment je peux exprimer cette joie.

T. A : C’était grâce à ton projet: « Le lac est devenu silencieux ». Parle nous de ce projet. Tu pensais pourvoir gagner tout ça ?

A.M : Ce projet, je dirais qu’il est très spécial pour moi parce qu’il explore la transformation silencieuse et marquante du lac kivu et voir aussi l’impact environnemental qui en découle. En vrai, je n’étais pas sûr de gagner ce prix avec ce projet mais je savais que c’était une histoire qui méritait d’être racontée. C’était un grand honneur de montrer à quel point ce sujet peut toucher les cœurs au niveau mondial.

T.A : Raconte nous les coulisses de ce projet

A.M : J’ai commencé ce projet en 2020. Dès le départ je ne savais pas ce que je voulais faire et avec le temps, je photographiais et je faisais le terrain mais en un moment je me suis dit, non, il faut que je trouve quelque chose que je vais raconter à partir de ces photos. J’ai contacté des amis, mentors et de personnes qui m’inspirent. Par la grâce, ils m’ont aidé. J’ai fait partie de l’école Efoto, là où j’ai appris beaucoup de choses sur la narration, le développement d’une histoire. J’ai fait partie aussi du programme de canon student en Espagne et ça m’a aussi trop aidé. Il y a aussi ces personnes qui m’ont accompagné dans cette aventure notamment Guerchom Ndebo, Arlette Bashizi, Finbar Orelli, Moses Sawasawa et toute la famille professionnelle. Ce prix n’est pas pour moi mais c’est pour tous ces gens qui m’ont construit.

T. A : Parle nous de tes projets d’avenir ? Il y a encore les rêves que vous voulez aller chercher ?

A.M : Ce n’est que le début. C’était un rêve pour moi d’avoir ce prix mais je vais continuer avec le projet et je penses avoir aussi d’autres plateformes, postuler peut être plus sur d’autres opportunités à travers le monde. On verra ce que ça donnera dans l’avenir.

A propos de l'auteur

Par: David KASI

David KASI est consultant en Communication et Journaliste indépendant, spécialisé en culture, arts, sport et société. Il travaille aussi dans la presse écrite et collabore avec des médias internationaux en tant que free-lance. Également, il est photo-journaliste.
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1 Comment

  • Maliki

    Que chaque voix compte pour ces efforts en essayant de valoriser l’est de la RDC.
    Bon vent cher Aubin Mukoni. Félicitations

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