Rachel Zihindula, la victime expiatoire du chaos infrastracturel du football congolais

Dans la soirée du jeudi 24 Avril, un communiqué de la LINAFOOT a prononcé une lourde sanction de 12 mois contre Rachel Zihindula qui a officié un jour avant la rencontre entre l’AS VClub et le FC Les Aigles du Congo. Après avoir validé un but des Aigles, la jeune arbitre internationale congolaise a été contrainte d’interrompre brusquement la partie à cause de l’envahissement de l’aire de jeu par des supporters de VClub en colère.
Comme si c’était vraiment elle l’élément déclencheur de la furie légendaire des supporters de VClub ou la cause de l’énorme retard du football congolais en terme d’infrastructures adaptées, la pauvre Rachel Zihindula vient de faire le frais d’un désordre dont elle n’est pourtant ni auteur, ni complice et moins encore bénéficiaire.
Douze mois pour masquer le ridicule
On ne peut prétendre cacher sa nudité avec un cache-sexe troué, scande-t-on souvent. Et bien, c’est décidément pas l’impression qu’ont les architectes du football congolais.
Dans le communiqué en forme de « torchon » émis par la Commission de gestion de la LINAFOOT, il est reproché, entre-autres, à l’arbitre Rachel Zihindula d’avoir fait une « mauvaise application de la loi 10 du jeu » lors du match brusquement interrompu entre VClub et Les Aigles du Congo, comptant pour la première journée des playoffs de l’élite congolaise. Comme si ça aurait été facile !
Comment aurait-elle pu voir mieux ?
La loi 10 du jeu parle du « but marqué » qui, selon elle, doit l’être « quand le ballon franchit entièrement la ligne« . Pour ça, il faut bien plus que les yeux d’une arbitre se trouvant à 30 mètres de l’action pour le constater. Ailleurs, les puissants instruments comme la Goal Line Technology sont d’usage, pour vérifier cela. L’idée étant que, seul l’arbitre ne peut pas le constater, de fois même avec l’aide de ses assistants. Alors pourquoi sanctionner la pauvre Rachel Zihindula pour ça ?
Il est également reproché à Rachel Zihindula de s’être fait influencer par son assistant 2, comme si, sur un fait de jeu, l’arbitre central ne peut pas subordonner sa décision à l’avis de son assistant. Et pourtant, la loi 6 est assez claire sur ce point.
Une décision sans aucune logique
En effet, la logique voudrait que la Commission de Gestion de la LINAFOOT examine en amont les conditions de travail dans lesquelles prestent les arbitres congolais qui, loin sans faux, n’ont ni outils de visionnage, ni matériels de vérification et moins encore une quelconque assistance vidéo.
Cette même logique aurait dû éclairer la lanterne des décideurs sur le fait que, ailleurs, notamment en Europe, le débat autour de la question de « Le ballon a-t-il franchi la ligne » a fait appel à des réformes structurelles innovantes. Il eût même un temps où les arbitres assistants supplémentaires ont été introduits, juste pour vérifier si le ballon a franchi la ligne ou non. Ces assistants supplémentaires se plaçaient derrière la ligne de but, question d’être plus proche et donc plus apte à constater.
Cette même logique voudrait qu’au lieu de suspendre les arbitres pour des faits de jeu qui dépassent leurs capacités de saisie, les dirigeants de la LINAFOOT devraient d’abord doter les arbitres des outils adéquats pour les meilleures conditions de travail, et donc les meilleures décisions.
Rachel Zihindula n’est pas responsable du chaos infrastructurel que connait le football congolais, elle n’en est qu’une des victimes expiatoires.
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