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Tribune: Bukavu, un mouroir en plus d’une « toilette »

Tribune: Bukavu, un mouroir en plus d’une « toilette »

Les gens y meurent dans l’indifférence la plus énervante. Pas par les balles comme à Goma voisin, mais par le pluie.

Ils sont où tous ces ventriloques qui peinent à élever leurs voix et dire que la ville de Bukavu est devenue un mouroir à ciel ouvert? Nous le savons tous, que la survenance de chaque forte intempérie constitue le prélude des longs communiqués nécrologiques.

Hélas, comme on pouvait bien s’attendre, vu que la pluie y a été forte dans la nuit du mardi 26 au mercredi 27 Décembre, et donc d’immenses dégâts humains et matériels sont à ressasser à ce jour. Plusieurs sources avancent un affligeant bilan de 25 morts. Et ce n’est que provisoire puisque l’extraction des éventuels nouveaux corps sans vie continue.

Catastrophe naturelle, une rhétorique de naïveté

Parce que chacun veut se dérober de son irresponsabilité, le mot « Catastrophe » s’érige en excuse. Pendant que personne ne fait rien pour éviter d’autres prochains dégâts, tout le monde se réfugie derrière la fameuse expression naïve « À une catastrophe naturelle, nul n’est tenu« .

« Qu’avons-nous déjà fait pour éviter d’autres pertes? » Telle est la question que devrait se poser toute société intelligente après chaque perte. Un peu comme je l’avais postulé lors des inondations de Kinshasa, pour moi, « Une catastrophe n’est naturelle et inévitable qu’à sa première survenance. Sa récurrence est du fait du manque d’imagination et de courage d’une communauté qui en subit les effets ».

Les incidents récurents, qui coûtent des vies et des biens aux paisibles résidents de Bukavu, du fait des pluies diluviennes répétitives, sont un symbole de l’absence d’une politique d’aménagement du territoire sécurisante, du non respect des règles de construction, du gavage de la ville par l’un des plus spectaculaires exodes ruraux et de l’engorgement des communes suite à la carence d’artères praticables. Ce qui est bizarre est que « Tout le monde le sait, mais personne ne fait rien. Ni les autorités, et moins encore une population qui passe à autre chose au lendemain de chaque deuil ».

Des politiques sans réalisation

Pourtant dans les petits papiers de plusieurs candidats députés, parmi lesquels certains parviennent même à être élus, l’aménagement de la ville « toilette » selon les mots de Justin BITAKWIRA y est bien détaillé. Ainsi, c’est devenu un fond de campagne électorale sans réellement constituer une priorite politique de qui que ce soit. Dans l’entretemps, la pluie a emporté une dizaine de vies hier, et l’autre arrive d’ici là.

A propos de l'auteur

Par: Gaéthan Kombi

Journaliste - éditorialiste
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