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Interview / Justine Muhindo : « j’ai gagné en expérience, je ne regrette rien »

Interview / Justine Muhindo : « j’ai gagné en expérience, je ne regrette rien »

À Goma, le basketball permet à plusieurs jeunes filles d’exprimer leurs talents et vivre leurs rêves en même temps. Justine Muhindo est l’une des rares pratiquantes de la balle orange qui ont explosé dans la ville volcanique avant d’exporter leurs talents au Burundi, l’un des grands pays du Basket en Afrique.

Une expérience enrichissante, pleine d’apprentissages

Partie au Burundi, à Urunani après avoir passé deux saisons abouties au BC Virunga, Justine Muhindo a, trois mois durant, monnayé son talent dans l’une des meilleures ligues d’Afrique. Une expérience à l’issue de laquelle la surnommée « Justy Morant » et ses coéquipières se sont arrêtées en demi-finale du championnat national.

« À Urunani, nous étions comme dans une même famille. J’avais vraiment apprécié cela. Nous avions un l’esprit d’équipe et ça nous rendait fortes et imbattables. Certes, c’était notre premier championnat national, mais plusieurs équipes avaient peur de nous, car on ne laissait rien au hasard et on faisait toujours sentir notre présence sur terrain », a-t-elle témoigné aux micros de Totalement Actus.

L’adaptation à Urunani ?

 » Je pense que pour les filles ça ne peut pas être trop difficile, ça peut prendre un peu du temps, mais pour le garçon c’est vraiment compliqué. J’avais vu leurs matchs, et je me suis dit chez nous, nous sommes encore en retard. J’ai constaté que là-bas Il ya vraiment du basket de très haut niveau ».

Un attachement naturellement au Basketball

« J’ai vu un terrain de basket pour la première fois toute petite, quand je partais jouer avec des amies au boscolac. Je voyais des gens jouer et je me suis dit que ce jeu m’intéressait vraiment. C’est là que je me suis dit que je devais faire ce sport. Malheureusement, mon père ne voulait pas que je le fasse. Je n’avais plus d’autres choix que de contourner la vigilance de mon père », se souvient l’ancienne joueuse de Virunga.

« Je mettais les tenues dans mon sac et je partais me changer au terrain et après je rentrais chez moi comme si de rien n’était. À l’époque, on avait pas de coach, il fallait juste faire ce que les autres faisaient. Après, j’ai découvert la Maison de jeunes via une amie, il y avait un terrain, les gens s’y entraînait. Après leur séance, je suis partie voir le coach et il m’avait dit que je ne pouvais venir que si me parents étaient d’accord. Comme je ne pouvais pas en parler à mon père, mon frère s’est fait passer pour lui et j’ai commencé les entraînements avec PJB. »

Justine Muhindo, apte à jouer en 3 et en 4, du haut de ses 1.80 mètres, fait partie de la glorieuse génération des joueuses de Virunga, qui a terminé le long cycle d’invincibilité des équipes PJB chez les dames. « Ça reste mon meilleur souvenir. Quand on avait fait le doublé, Entente et championnat provincial », a-t-elle avoué.

 

Mais avant d’atteindre ce niveau, L’ailière congolaise avait été puiser des ressources nécessaires chez YABA, d’où elle a d’ailleurs disputé son championnat local, avant de s’envoler brièvement en Uganda. « J’ai bossé dur mais là-bas ça n’a pas marché comme je voulais et après 6 mois je suis encore rentrée à YABA. C’est alors que Virunga a créé son équipe féminine. On m’a contacté pour y jouer et j’ai de nouveau changé de club. J’y ai passé au total deux saisons avant de signer à Urunani », se rappelle-t-elle.

Pourquoi seulement Urunani ?

« Je voulais avoir de l’expérience et voir comment je veux encore apprendre en jouant dans un autre pays. C’était pas vraiment évident. J’avais rencontré des nouvelles réalités et il fallait que je m’y habitue. J’ai fait de mon mieux avec le peu de temps que j’avais dans peu de temps que j’avais. Au fond, je ne regrette rien, j’ai plutôt appris. »

Pourquoi le surnom « Morant » ?

 » Ja Morant c’est mon idole, mon préféré en tout cas. Il m’inspire beaucoup par son courage, sa détermination. Il ne voit pas d’obstacle, rien ne l’arrête, chez lui l’impossible n’existe pas. J’aime sa façon de prendre le risque, c’est un vrai génie, il est aussi mignon ».

Et maintenant ?

« Pour cette saison, je ne sais pas encore où je vais jouer. Je travaille tout simplement en attendant que les meilleures portes s’ouvrent à moi. Je rêve de jouer à l’étranger, dans un championnat de plus haut niveau ».

À l’instar de tous les pratiquants du basketball du Kivu, une région où les activités sportives sont sérieusement à l’arrêt de suite de la guerre, Justine Muhindo s’entraine individuellement quand l’occasion lui est offerte, en espérant à un demain meilleur.

A propos de l'auteur

Par: Gaéthan Kombi

Journaliste - éditorialiste
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