GOMA – Affaire Belamy Paluku : 2 ans après, les victimes de « Ristal » lisent encore l’heure

En 2023, au moment où son nom correspondait fidèlement aux valeurs morales indéniables, dans un plan savamment ficelé, Belamy Paluku est parvenu à réaliser l’arnaque du siècle à laquelle, seulement peu d’adhérents ont survecu. Le Bernard Madoff de Goma n’a ensuite eu guère de choix que foutre le camp, très loin des « Si je savais » de ses nombreuses victimes.
2 ans après, qu’en est-il vraiment ?
Ristal, c’est le nom parfait qui était attribué à cette arnaque minutieusement conçue par Belamy Paluku, un jeune artiste de Goma dont la probité ne faisait aucun doute, aussi bien dans les officines artistiques que dans les autres catégories sociales et professionnelles. Et Qui de mieux qu’un homme prêchant indiscontinûment la morale pour monter une pyramide de Ponzi made in Goma. Miroir aux alouettes !

Artistes, entrepreneurs, hommes d’affaires, journalistes et même certains étudiants opportunistes ont tous mordu à l’hameçon du créateur de Belazik, chacun selon ses moyens. « Moi je m’étais rendu au bureau de Ristal, à l’endroit où je devais retirer ma part, j’ai été surpris de rencontrer la porte cadenassée », nous a témoigné une des victimes de Ristal. Sous boule, comme on le dit couramment à Goma, ce dernier n’était pas encore informé de la poudre d’escampette du Bernard Madoff gomatracien qui, à une vitesse d’éclair, était déjà repérable en Tanzanie, sous une nouvelle identité.
« Moi, ça m’est arrivé entre Avril et Mai 2023. J’étais à un mois de recevoir mes deux parts exclusives et une part partagée « , regrette une autre victime, qui, au moins, avait eu la chance d’être prévenu, par Bernard Madoff lui-même, de la disparition de son argent. « Un jour, je me suis réveillé et j’ai remarqué un sms de Bellamy en question qui disait ne plus être en mesure de continuer l’aventure, mais que les parts de départ seraient restituées », s’est-elle amèrement souvenue. « C’était le debut de plusieurs mois où il n’était plus joignable, et la tension a été vive dans la ville pour constater que c’était une escroquerie pure et simple. Quelques semaines après on apprit grâce à une vidéo qu’il faisait maintenant la belle vie en Tanzanie », s’est-elle plainte ensuite.
Et après, plus rien…
Ceux qui affirment que « le temps efface tout » n’ont guère tort, si l’on se rend compte de la manière assez impressionnante dont cette affaire a vite été passée aux oubliettes, à part par quelques victimes irréductibles qui s’en étaient vraiment senties pas seulement arnaquées, mais surtout humiliées. Les quelques rares lamentations ne s’étant estompées que sur Facebook. Après, plus rien !

« Moi je pense que les réclamations des victimes ne sont pas allées plus loin parce que la plupart d’adhérents à cette arnaque étaient des amis de l’escroc », estime un autre perdant du jeu. À juste titre d’ailleurs, puisqu’à voir les accointances chaudes jadis existantes entre Belamy Paluku et ses victimes, l’on ne peut que nourrir une telle déduction. La fameuse phrase de la Diva Dety Darba dans une interview à Totalement Actus vient parfaire cette thèse. » Belamy c’est mon frère. Il a fait ce qu’il a fait, il a blessé les gens…J’espère juste qu’un jour il nous en parlera et que nous on aura le courage de lui accorder le pardon », avait-elle soutenu dans une des séquences émouvantes de cet entretien.
Les liens forts existant, verticalement et horizontalement entre le bourreau et les victimes, étaient tels que, ni les petits frères ( ceux qui s’inspiraient de Belamy) et moins encore les amis (Ceux qui le côtoyaient), nul n’avait suffisamment de courage pour entrevoir une quelconque action judiciaire. Ainsi, peut-on se persuader définitivement d’une évidence : « un meilleur escroc, c’est celui qui en donne le moins les indications ». La preuve en est que, pour mettre la poudre aux yeux à toute la ville, le Bernard Madoff de Goma s’est d’abord appuyé sur ce que son personnage reflétait : la probité, la morale, l’excellence.
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