Edito : Wan-Bissaka ne devrait jamais jouer pour la RDC, arrêtez de l’insulter pour sa sympathie

Enfin, a-t-on appris il y a quelques jours, le très attendu Aaron Wan-Bissaka a finalement levé l’option de porter la tunique des Léopards, après, disons-le sincèrement, avoir tout tenté pour jouer pour la sélection anglaise. C’est alors que la RDC, comme second choix du défenseur de WestHam, s’est imposée comme meilleure alternative « par défaut ».
Depuis, certains footeux, y compris même certains journalistes et analystes de renom se sont lancés dans une sorte de dénigrement à l’encontre de Aaron Wan-Bissaka, à qui ils proferent même des imprécations, l’intention étant de le voir rater ses débuts chez les Léopards, à l’instar d’autres binationaux venus tardivement comme Guanelli Imbula, Nil De Paw, Aldo Kalulu et consorts.
Que des arguments « bidon »
« Il devrait venir beaucoup plus tôt comme les autres », scandent-ils, oubliant, subitement que ceux pour qui ils inventent et entonnent aujourd’hui des chansons de gloire avaient réagi exactement la même manière que Wan-Bissaka. Mémoire faible !
Se rappellent-ils que jusqu’à ses 26 ans, Theo Bongonda twerkait encore pour la Belgique ? Le même qu’ils ont surnommé le « Messi congolais » quelques semaines après. Et pourtant, ses intentions étaient claires, comme pour la majorité des internationaux – binationaux congolais; « Si je ne joue pas pour la Belgique, je jouerai pour le Congo ».
En effet, rares sont les binationaux qui sottent au premier appel de leurs pays d’origine. La logique est devenue que : « C’est la désespérance de jouer pour son pays adoptif qui conditionne le choix par défaut en faveur de son pays d’origine ». D’où la prise de temps de décision, qui peut aller jusqu’à 5 ans et plus. Voilà pourquoi c’est après leurs 25 ans que plusieurs binationaux choisissent « par défaut » leurs pays d’origine. C’est le cas de quasiment tous les binationaux congolais, à quelques exceptions près.
Ce n’est pas une fatalité
Dans ce débat, il convient de considérer la RDC comme un père (un geniteur) irresponsable qui, après avoir mis au monde un enfant, il le jette à la rue, quitte à l’enfant lui-même d’assurer sa survie. Cet exemple colle parfaitement avec la relation existente entre la RDC et les joueurs binationaux qui viennent de partout.
La plupart de ses joueurs ont trouvé refuge dans leurs pays adoptifs. La Belgique pour Noah Sadiki, Theo Bongonda, Ngal’Ayel Mukau et plein d’autres. La France pour Cedric Bakambu, Gael Kakuta, Yoane Wissa… L’Angleterre pour Axel Tuanzebe, Wan-Bissaka et autres. Ces pays là ont nourri, entretenu voire formé les binationaux qui font aujourd’hui la belle histoire de la sélection congolaise. Tout naturellement, c’est à ces pays adoptifs que devraient profiter leurs talents. Raison de plus de ne pas s’en prendre à tous ses binationaux congolais qui décident de jouer pour leurs pays adoptifs.
Oui, il sied donc de comprendre la récente frustration de certains belges contre le choix du jeune Noah Sadiki en qui ils plaçaient d’énormes espoirs. Au lieu de rendre l’ascenseur au pays qui en a fait un grand footballeur, la pépite de l’Union Saint-Gilloise a, tant mieux pour nous, choisi la RDC qui ne lui a rien donné. Mirâcle !
En effet, c’est miraculeux de voir tous ces jeunes ( Sadiki, Mukau…) choisir leurs pays d’origine trop tôt, plutôt que d’attendre de servir les pays qui leur ont tout donné. Raison de plus que ces cas soient extrêmement rares. La règle étant que : Les binationaux ne servent leurs pays d’origine que par défaut, et c’est généralement après les 25 ans d’âge, au moment où le challenge sportif prend le dessus sur le choix du cœur.
Et pourtant on se le murmure tout le temps : « Imaginez le nombre de renforts de joueurs de calibre qu’on aura si on passe à la coupe du monde. »
Cette phrase, à elle toute-seule décele la réalité. Le sait-on tous, la seule manière d’attirer les binationaux, c’est par les résultats, les qualifications aux prestigieuses compétitions ( la coupe du monde principalement, à défaut la CAN). Si non, ils préfèrent, pour la plupart, attendre éternellement une convocation dans leurs pays adoptifs. C’était le cas de Wan-Bissaka, et ça l’est toujours pour des joueurs comme Stephy Mavididi ou encore Jean Philippe Mateta.
En définitive, l’on devrait interioriser une chose, avant de s’en prendre à Aaron Wan-Bissaka ; ce joueur, la RDC ne le mérite pas, autant le pays ne lui a rien donné, à part les origines. En toute logique, il devrait jouer pour l’Angleterre, le pays qui en a fait ce qu’il est aujourd’hui. Et que donc, au lieu de s’opposer à sa venue tardive, croisons plutôt les doigts et profitons de son apport sur le plan « sportif ». La RDC n’a rien planté, elle ne devrait pas se plaindre de ne rien récolter ou de récolter tardivement ce qu’il n’a pas planté.
D’après tout, dans quelques mois, le stade des martyrs chantera la gloire de Wan-Bissaka, comme c’est déjà le cas pour les binationaux qui faisaient les yeux doux à leurs pays adoptifs pendant des années.
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