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Tribune: le tribalisme en RDC, une menace pour l’unité nationale!

Tribune: le tribalisme en RDC, une menace pour l’unité nationale!

En République Démocratique du Congo, le tribalisme et la xénophobie prennent une ampleur inquiétante, mettant en péril l’unité nationale prônée par les autorités.

De Estella KAKURU/chercheuse

La Constitution du 18 février 2006, telle que modifiée par la loi n°11/002 du 20 janvier 2011 portant révision de certains articles est claire « toute personne qui se trouve sur le territoire national a le droit d’y circuler librement, d’y fixer sa résidence, de le quitter et d’y revenir, dans les conditions fixées par la loi. Aucun congolais ne peut être ni expulsé du territoire de la République, ni être contraint à l’exil, ni être forcé à habiter hors de sa résidence habituelle ». L’article 30 de cette loi fondamentale interdit toute expulsion ou discrimination basée sur l’origine provinciale, ethnique ou tribale.

Un climat de tension grandissant

Depuis l’arrivée au pouvoir de l’UDPS (Union pour la Démocratie et le Progrès Social) et la recrudescence du conflit à l’Est avec l’occupation de plusieurs localités par les rebelles du M23/AFC, une stigmatisation grandissante s’est installée. Les Congolais originaires des provinces du Kivu (parlant la langue Swahili), sont de plus en plus victimes de stigmatisation et d’exclusion, sont souvent perçus comme des étrangers, des rebelles, des infiltrés, des « Rwandais » voire des traîtres. Ils sont considérés comme des ennemis du pouvoir. Ce climat délétère se manifeste par des violences verbales, des arrestations arbitraires, des contrôles abusifs et même des appels à des actions radicales, comme le suggère un audio viral attribué à une femme proche du régime en place, bien que son authenticité ne soit pas encore établie.

Dans cet audio, on peut entendre cette dame s’exprimant en lingala et tshiluba (deux langues nationales autant que le swahili), suggérer au Président de la République de bombarder les deux Kivu et le Katanga en même temps que le Rwanda et que le Congo recommence à Zéro car dit-elle, ils sont déjà fatigués par les « Swahiliphones. » Suite à ces propos dénigrants plusieurs internautes sont en rage vis-à-vis du pouvoir en place et d’autres s’approprient cette lutte témoignant que c’est le régime Tshisekedi et son parti extrémiste de l’UDPS qui sont à l’origine de ce fléau.

Dans la capitale Kinshasa, des témoignages font état d’un malaise croissant parmi les « Swahiliphones, » ces Congolais de l’Est qui se sentent marginalisés et en insécurité. Doit-on accepter que des citoyens congolais soient persécutés dans leur propre pays ?

Une loi contre le tribalisme, mais une impunité persistante

L’ordonnance-loi n°66-342 du 07 juin 1966 réprime sévèrement le tribalisme et le racisme sous toutes leurs formes d’autant que déclarer un congolais de persona non grata parce qu’il n’est pas originaire d’une région quelconque est une injure, c’est discriminatoire et peut compromettre l’ordre public, ce qui matérialise la haine ou l’aversion tribale. Pourtant, il est remarqué que les auteurs de discours haineux et d’actes discriminatoire ne sont pas poursuivis. Aujourd’hui certains congolais de l’Est hésitent à quitter leurs maisons par peur d’être reconnu comme étant originaire du Kivu.

« Plus question de sortir pêle-mêle ici. Il ne faut surtout pas s’exprimer en Swahili dans certains coins car à tout moment on peut s’en prendre à vous. On vous qualifie directement de Rwandais et on peut même vous menacer de vous bruler vif. » s’inquiète, un originaire de l’Est vivant à Kinshasa, qui a requis l’anonymat.

Selon le Code pénal congolais, ces délits sont punis de un à trois ans de servitude pénale et d’une amende. Ceux qui maintiennent des associations à caractère tribal risquent jusqu’à deux ans d’emprisonnement.

Mais dans les faits, les sanctions sont quasi inexistantes.pourquoi cette inaction de la part des autorités ? Le gouvernement fermerait-il les yeux sur ces dérives ? De nos jours à Kinshasa, critiquer le pouvoir peut mener à l’arrestation ou pire, alors que les discours tribalistes restent impunis et sont acclamés par plusieurs partisans de partis politiques, à l’occurrence celui au pouvoir.

Quel avenir pour l’unité nationale ?

D’aucuns le savent, la RDC est aujourd’hui un pays déchiré. Une question qui nous taraude l’esprit : Le véritable ennemi de la RD Congo est-il le peuple ou ses dirigeants ? Dans un contexte où la division s’accentue, reconstruire une cohésion nationale devient un défi majeur. Le pouvoir en place pourra-t-il mettre fin à ces tensions et restaurer l’unité du Pays?

Il y a quelques années on pouvait dire sans peur d’être contredit, que la République Démocratique du Congo est une et invisible. Aujourd’hui cette unité devient de plus en plus utopique. Mais en réalité, aucun Congolais ne devrait être jugé sur son origine provinciale, mais bien sûr son appartenance commune à cette nation. Si le gouvernement veut réellement appliquer la Constitution, il doit condamner fermement les actes tribalistes et garantir la liberté et la sécurité de tous les citoyens, sans distinction ni discrimination.

A propos de l'auteur

Par: Richard Muhima

𝐂𝐡𝐞𝐫𝐜𝐡𝐞𝐮𝐫 𝐞𝐧 𝐂𝐨𝐦𝐦𝐮𝐧𝐢𝐜𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐞𝐭 𝐈𝐧𝐟𝐨𝐫𝐦𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐞𝐭 𝐣𝐨𝐮𝐫𝐧𝐚𝐥𝐢𝐬𝐭𝐞 𝐩𝐨𝐥𝐲𝐯𝐚𝐥𝐞𝐧𝐭 𝐝𝐞𝐩𝐮𝐢𝐬 𝐩𝐥𝐮𝐬𝐢𝐞𝐮𝐫𝐬 𝐚𝐧𝐧é𝐞𝐬, 𝐥𝐞 𝐜𝐨𝐧𝐠𝐨𝐥𝐚𝐢𝐬 𝐞𝐬𝐭 𝐩𝐚𝐫𝐭𝐢𝐜𝐮𝐥𝐢è𝐫𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐬𝐩é𝐜𝐢𝐚𝐥𝐢𝐬é 𝐝𝐚𝐧𝐬 𝐥𝐞 𝐝𝐨𝐦𝐚𝐢𝐧𝐞 𝐬𝐩𝐨𝐫𝐭𝐢𝐟. 𝐈𝐥 𝐞𝐬𝐭 𝐛𝐚𝐬é à 𝐆𝐨𝐦𝐚, 𝐯𝐢𝐥𝐥𝐞 𝐭𝐨𝐮𝐫𝐢𝐬𝐭𝐢𝐪𝐮𝐞 𝐬𝐢𝐭𝐮é𝐞 à 𝐥'𝐄𝐬𝐭 𝐝𝐞 𝐥𝐚 𝐑é𝐩𝐮𝐛𝐥𝐢𝐪𝐮𝐞 𝐃é𝐦𝐨𝐜𝐫𝐚𝐭𝐢𝐪𝐮𝐞 𝐝𝐮 𝐂𝐨𝐧𝐠𝐨.
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