« Je pissais toutes les deux minutes… » , Bienvenu Bolangi sur la guerre de Goma

Les 26, 27 et 28 Janvier derniers, la ville de Goma a exploré l’une des plus cauchemardesques pages de son apocalypse. Des accrochages sanglants entre le M23 et les forces loyalistes, on en égrène des milliers de morts, sans prélever le degré de traumatisme que ces trois jours ont générés.
Parmi les Gomatraciens directement touchés par cette tragédie figure Bienvenu Bolangi, l’un des meilleurs sportifs de la ville de Goma. L’international Tennisman congolais a dépeint, après quelques jours de silence, la terrible histoire vécue au courant de ces trois jours sombres, où il était comme pris dans un engrenage, sous les balles des belligérants.
« J’ai jamais eu autant peur… »
Logé au pied du Mont-Goma, l’un des principaux épicentres des récents affrontements de Goma, Bienvenu Bolangi n’arrivait même pas à retenir le peu d’eau de réserve de son appareil urinaire. « Je pissais de peur toutes les deux minutes. J’ai jamais eu autant peur de ma vie », avoue-t-il. La peur et l’angoisse laissées par chaque détonnation étaient telles que « ma salle de bain a dû me servir d’abri très confortable, sans eau, sans électricité, sans connexion internet ni nourriture », témoigne le champion du Congo 2023 avec le BC Virunga.
Et ce n’était pas ça le plus pire. « Ce qui me terrorisait encore plus, c’est le fait que je ne pouvais pas entrer en contact, ni avec ma famille, ni avec mes amis. Il n’y avait que moi et moi seul, face à mes peurs, mes doutes, mes inquiétudes, mes pleures… », se souvient-il.
Pris en étau entre les tirs des rebelles et ceux des forces loyalistes, Bienvenu Bolangi a fini par recouvrir le peu de quietude qu’il lui fallait pour finalement s’exprimer. « Dieu agit », a reconnu l’omnisportif qui commençait à douter de la poursuite de sa belle histoire de génie en Basketball et en Tennis.
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