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Tshisekedi surfe-t-il sur la tribalité ?

Tshisekedi surfe-t-il sur la tribalité ?

Dans un pays où la culture politique en est encore au stade paroissial, la tribu est un véritable enjeu politique.

Un pan de l’opinion congolaise, plus principalement la tweetosphere s’en est enflammée. Les propos de Félix Tshisekedi, en quête de reconduction à la tête de la RDC, n’ont pas laissé sans mots les adeptes des réseaux sociaux. D’aucuns y décèlent une connotation tribale.

“Vous connaissez notre souffrance, notre souffrance avec des anciens régimes qui nous regardaient comme des non congolais. Je n’aime pas que les kasaiens se divisent, vous êtes des frères, notre Kasaï a été abandonné, soudons-nous pour que notre Kasaï puisse se développer”, a déclaré le numéro 20 à Mbujimayi dans le cadre du traditionnel meeting de campagne.

Appel à l’Union ou à l’équidistance ?

Pour dire vrai, la porosité entre l’esprit du clocher et la tribalité est d’autant plus glissante qu’il suffit, pour un politique, d’une référence à ses origines géographiques pour que la connotation tribale soit portée aux actes qui en découlent.

Nonobstant ces propos que l’on peut classer sur la longue liste d’outis de mobilisation électoraliste, il est d’une évidence crue que la tribu est jusqu’à maintenant, au Congo, tout comme dans d’autres pays politiquement moins développés, le principal outil de mobilisation politique. Dans le cas précis d’élections, seule la tribalilé l’emporte sur le troc électoral. “Votez pour lui, c’est notre fils”, la phrase célèbre qui atteste de la force de la tribu dans la formation des alliances.

On le sait, et on se plaît d’ailleurs du fait qu’un candidat président ne peut être battu chez lui. Pas pour les œuvres favoritistes qu’il y posent, mais parce qu’il est de là.

Les peuples réduits en rats de marigot

Au lieu que le tribalisme constitue un véritable levier du développement, regrette Jean François Bayart, il se transforme en outil d’asservissement. Ainsi, écrit le politologue français dans son fameux L’État en Afrique. La politique du ventre, “Le peuple devient comme des petits rats creuseurs des trous pour les serpents avaleurs des rats, car une fois propulsé au pouvoir sous le label du tribalisme, les politiciens véreux ne souviennent plus de leurs terroirs”

A propos de l'auteur

Par: Gaéthan Kombi

Politologue, Chercheur en Sciences Politiques et Administratives. Éditorialiste, Consultant politique et Chroniqueur sportif.
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