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Tribune: Pas de politique sans mensonges

Tribune: Pas de politique sans mensonges

À l’ère où le peuple ment aux politiciens

Vulgairement, selon l’opinion du commun de mortel, la politique est perçue comme l’art de duper, de mentir afin de s’assurer d’un ralliement populaire suffisant pour accéder au pouvoir une fois en dehors, ou légitimer son autorité une fois aux manettes. Cette conception, qui s’enfuit dans le non-dit, demeure pourtant la plus évidente et la moins réfutable. Simplement parce qu’il n’existe pas de politique sans mensonges.

La politique se vivifie par les mensonges. C’est d’ailleurs le seul domaine social qui légitime cette pratique. Il faut du bon mensonge pour conquérir et exercer le pouvoir. Et bien généralement, comme j’aime le dire, “les campagnes électorales sont une séquence électorale où la mythomanie s’érige en règle et la sincérité en exception. Cette période met en jeu divers mensonges, offrant au menteur le plus fourbe, les chances de s’attirer le plus d’intentions de votes venant d’une population qui n’en attend pas moins”

De cette conception, dont je revendique la paternité, ressort deux acceptions claires:

✔ Les électeurs veulent du mensonge,
✔ Les candidats sont obligés de mentir

De la même manière que, comme le pense Alain ETCHEGOYEN, dans son livre “La Démocratie malade du mensonge“, le corrompu engendre le corrupteur, il est tout à fait observable que ce phénomène que l’on peut considerer comme la “mythophilie du peuple”, c’est à dire “cette affinité du peuple au mensonge, contraint les politiques à en faire impérieusement usage pour s’attirer, non seulement la sympathie, mais avant tout l’attention des électeurs. Qui peut prétendre faire efficacement de la politique sans choisir de se livrer systématiquement au mensonge ?  S’interroge-t-on souvent.

Le mensonge, un impératif politique

Ainsi, je mets un billet sur la tête du très inspiré Jean Patrick DOBEL qui, dans son livre “L’intégrité morale et vie publique”, avait déjà compris qu’une fois en politique, même les âmes les plus saines se souillaient. Ce, pour la simple et bonne raison que “La politique exerce sur la morale une action corrosive.” Voilà pourquoi même les hommes de Dieu, de plus fidèles et obstinés dans la piété et la spirtualité, les Prix Nobel et d’autres présumés de grande moralité, voient leur intégrité partir en vrille, du fait du plus grand impératif politique qu’est le “Mensonge”.

Politicien menteur, peuple menteur

Quand les politiciens mentent par les promesses, le peuple ment par le nombre

Ils sont tous pareils, la différence se situe seulement au niveau de la technique utilisée pour mentir à l’autre. Ainsi, quand un politicien promet du vent au peuple, ce dernier fait également semblant d’être d’accord. Le peuple simule à cet effet, la plus profonde de naïveté afin de faire croire au politicien menteur que son mensonge se fait accroire.

Pour diverses raisons, y compris celle des intérêts pécuniaires, le peuple arrive toujours en très grand nombre, pour n’importe quel politicien, pour autant que ce dernier peut distribuer quelques billets au public présent. Naïfs qu’ils sont, ces politiciens pensent, à tort sans doute, que la plus forte affluence populaire à leur meeting, caravanes…correspond à leur électorat. Pire encore, des débats creux et frivoles se font sur celui qui fait plus de plein que l’autre. Ridicule!

Dans ce cas précis, il est surprenant de constater que les rôles se sont inversés. Le petit politicien “menteur” est pris dans ses propres filets, car c’est simplement lui qui se fait mentir par le peuple au détriment duquel il pense détenir le monopole de la duperie.

Ce qui est encore plus incompréhensible, c’est le fait que ce politicien “menti” ne s’interroge guère sur ce que j’appelle “le mensonge du peuple par le nombre.” Dans un pays comme la RDC, où la majeure partie de la population vit sous le seuil de pauvreté, au jour le jour, sans revenu mensuel suffisant pour subvenir à ses besoins vitaux, il me paraît tout à fait logique que les peuples affluent aux meetings des politiciens pour espérer rentrer le soir avec un petit 2000 francs ou un peu plus.

Pour ça, les pères de familles, les mères d’enfants et même les jeunes pour la plupart désœuvrés sont prêt à chanter les gloires des politiciens pour lesquels ils ne voteront malheureusement pas. C’est en ce moment que le peuple rend la pareille aux politiciens et prend sa revanche. Ceux qui se croyaient détenir le monopole du mensonge sont à leur tour mentis, et de la plus ridiculisante des façons.

Tout écouteur vit au dépens de celui qui le flatte.

A propos de l'auteur

Par: Gaéthan Kombi

Politologue, Chercheur en Sciences Politiques et Administratives. Éditorialiste, Consultant politique et Chroniqueur sportif.
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