Tribune : Ce qui a fait gagner TSHISEKEDI
Avec un peu plus de 73%, Félix TSHISEKEDI s’est adjugé la plus grande victoire électorale depuis l’avènement de la République Démocratique du Congo. Un triomphe aux allures staliniennes, qui étaient pourtant prévisibles, et dont j’avais annoncé la vraisemblance dans une des tribunes récement produites.
La question que d’aucuns puissent se poser c’est : Qu’est-ce qui explique cette victoire écrasante d’un président qui donnait pourtant l’air d’être plus contesté qu’adulé dans son pays ? Un président qui a trop promis pour des réalisations plutôt contrastées? Dans cet exercice, je vous avance les raisons qui ont concouri à la brillante réélection de Félix TSHISEKEDI.
Une opposition divisée, Des votes différés
Je garde mon postulat de depart, celui que j’expliquais le long de la campagne électorale. « Qu’on le veille ou pas, le pays était divisé entre les pro-Fatshi et ceux qui voulaient s’en débarrasser. La fragilité de l’opposition est alors née de l’éparpillement des candidats jusqu’au point où les électeurs qui leur étaient acquis étaient obligés de départir leurs voix. »
À cela s’ajoute le fait que, tel que je le prédisais toujours; « Les opposants partis en ordre dispersé, à force de se battre d’abord entre eux, ont perdu de vue leur adversaire commun qu’était TSHISEKEDI. Ils en parlaient de moins en moins dans leurs meetings, car préoccupés chacun à revendiquer le statut de candidat de l’opposition, tout en étiquetant les autres des dauphins du régime ».
Naturellement, cette dissension au sein de l’opposition était de nature « À octroyer, non plus un trou de souris mais un vrai boulevard à Félix TSHISEKEDI pour sa réélection », l’avais-je predit dans la même tribune.
L’apport de l’identitaire
Le chauvinisme du congolais et sa méfiance du métèque ont joué un rôle très déterminant dans la réélection de Félix TSHISEKEDI. À la Nicolas MACHIAVEL, le président sortant a usé de l’un des moyens les moins propres pour mettre aux supplices chinois son principal adversaire, Moïse KATUMBI.
La fameuse étiquette « Candidat de l’étranger » distillée par TSHISEKEDI a été adoptée par la majeure partie de l’électorat congolais, pour qui la méfiance de l’étranger s’est érigée en culture à force des guerres incessantes imposées par les États voisins.
Stratégiquement, Félix TSHISEKEDI et son clan, se sont servis des origines métèques de Moïse KATUMBI pour le désavouer auprès de l’électorat congolais. Ainsi donc, dans l’isoloir, l’électeur n’a plus eu d’autres choix que de « Voter pour son frère ». Comme qui dirait l’autre, « le biologique l’emporte sur le politique ».
La manipulation du Pathos
Le pathos c’est ce que ARISTOTE considère comme le jeu de passions ou d’émotions, qui se démarque de la raison.
L’électorat congolais est très susceptible aux discours passionnels. D’ailleurs, mon observation révèle une grande adhésion des congolais à celui ou celle qui joue avec leurs émotions. Pas forcément en vertu du principe de Senghor selon lequel « L’émotion est nègre, la raison est Hélène« . Principe dont je réfute d’ailleurs la connotation raciste.
Chacun des discours, chacune des promesses, chacune des sorties médiatiques de Félix TSHISEKEDI étaient de nature à manipuler l’émotion du peuple. La phrase « À la moindre escarmouche, lisez sur mes lèvres… », illustrant la fermeté d’un président intransigeant face au Rwanda, est l’illustration parfaite du génie politique du président congolais.
Et donc, tel que le juge ARISTOTE, « Nous, êtres humains, sommes plus susceptibles de nous laisser persuader par ceux ou celles qui nous semblent de bonne volonté ». Or, Félix TSHISEKEDI a toujours donné l’air d’un président pourvu d’une bonne volonté. Une chose qui se lit sur ses lèvres et qui s’affirment dans ses discours teintés d’une témérité assourdissante.
Par consénquent, le peuple congolais croit en son apparence, en ses promesses et en ses discours. SI NON, EXPLIQUEZ-MOI POURQUOI IL A VOTÉ POUR LUI.
Les projets à impact électoral
« Je vais voter pour Fatshi parce qu’aucun de mes 6 enfants ne reste à la maison, tous étudient désormais »
Ce témoignage d’une maman, qui probablement aura aussi la facilité de mettre au monde gratuitement, témoigne l’impact du régime de gratuite instauré stoïquement par Félix TSHISEKEDI.
Sachant que, de par la nature égoïste de l’homme, ses choix sont souvent motivés par le gain individuel qu’il compte en tirer, cette maman a eu tout à fait raison de voter pour celui qui en facilite l’éducation des enfants et l’accès gratuit à la maternité. Les seules gratuités de l’enseignement et de la maternité ont amené des millions d’électeurs à TSHISEKEDI.
Ces scores vertigineux dans les milieux ruraux principalement sont également dû à l’impact des projets (quoique pour la plupart mort-nés) initiés par le Chef de l’État sortant à l’intérieur du pays (PDL145 territoires…). En retour, des millions des congolais de l’intérieur des provinces lui ont rendu la pareille.
Non, TSHISEKEDI n’a rien volé de sa réélection, comme d’aucuns le pensent. Il y a surtout eu un travail de fond qui ne devrait que le prédisposer à une reconduction, dans un pays comme la RDC qui n’en exige pas plus.
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