Tribune : Kinshasa enterre dignement ses oubliés
C’est à la fois saugrenu et scandaleux.
Deux cents victimes de la vie de misère dans les camps de réfugiés, mortes par inanition et froid, et d’autres par des bombes, ont été enterrées de la manière la plus digne et noble qui soit. Oui, ils auront au moins été logés dans des demeures vivables, pour une fois.
Toute une équipe gouvernementale a mis le cap sur Goma pour venir mettre en terre des victimes des mouroirs en bâches érigés aux alentours de la ville volcanique. Et comme par hasard, la mobilisation de l’Etat était tous azimuts. Le mieux serait qu’il en soit ainsi de leur vivant. Oh…non, il y avait d’autres priorités en ce moment là.
Manipulation du pathos
Jouer avec les sentiments des citoyens, c’est l’une des stratégies politiques qui captivent les plus. Aussi révoltant que cela puisse luire, le gouvernement a obtenu ce qu’il voulait, sur les dos des dépouilles des réfugiés morts dans l’indifférence la plus révoltante.
Le but de l’évènement étant bien-sûr de « caresser le sentiment de révolte des congolais », et d’ « interpeler la communauté internationale » en brandissant les dépouilles des « pauvres réfugiés » comme des trophées, on peut affirmer que le décor était parfait au stade de l’unité.
La marque d’un Etat irresponsable
C’est au fait comme un père de famille qui délaisse ses enfants, puis revient le jour de l’enterrement de l’un après l’autre. Il perd de vue le quotidien de ses fils et filles, et il ne les retrouve qu’en apprenant la mort de l’un d’entre-eux.
L’irresponsabilité de l’Etat congolais est doublement éloquente vis-à-vis des réfugiés. À son incapacité de protéger ses citoyens contre les rébellions s’ajoute son incapacité à les nourrir. C’est pourtant cela même la raison d’exister de tout État qui se veut souverain.
En revanche, la capacité de mettre en terre ses citoyens, l’Etat congolais ne s’y loupe pas. À cette étape, la RDC fait sauter les banques. Et c’est le seul moment où le Gouvernement urge vraiment vers les réfugiés. Largement pathétique !
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Par: Gaéthan Kombi
