RDC/Assemblée nationale : Vital KAMERHE, un président avec un CV aussi riche que les grains de son chapelet
La saga des élections terminée, Vital KAMERHE prend le perchoir de l’assemblée nationale à l’inamovible MBOSO. Cette passation de siège s’est réalisée ce mercredi 22 Mai 2024, au sortir d’une séance plénière convoquée à cette fin.
Tout comme à la direction du cabinet du président TSHISEKEDI où il a atterri comme un « Super Dircab », VK se présente à la présidence de l’Assemblée nationale comme un « super président ». Son passé et son vécu en font l’un, et peut-être bien le plus emblématique des présidents de la chambre basse du Parlement congolais.
Mais qui est-il au fond ?
Vital KAMERHE est un homme politique, sexagénaire (65 ans), né à Bukavu au Sud-kivu, ville dans laquelle il est devenu incontestable comme le soleil d’été.
Ses débuts en politique, il les marque en 1981 alors qu’il n’est qu’en deuxième année de graduat, à l’Université de Kinshasa, en sciences économiques. Deux ans plus tard, avec le vent en poupe d’un jeune politicien plein d’énergie, il se décide de défier le grand MOBUTU sous les bannières de l’UDPS, parti avec lequel il est en coalition présidentiel actuellement.
Entre 1988-1989, alors qu’il finit ses études universitaires, KAMERHE adhère au Mobutisme, d’abord comme coordonnateur de la Cellule d’études de planification de l’Enseignement supérieur et universitaire de 1988 à 1989, puis comme conseiller économique et financier au ministère des Mines et Énergie de 1989 à 1990. Le Maréchal MOBUTU en personne l’aurait sollicité et rencontré.
Profitant de l’instabilité politique qui s’en était suivie, avec notamment la succession des Premiers ministres, VK enchaine des postes dans des cabinets ministériels avec au passage la coordination du cabinet de Léo KENGO WA DONDO alors premier ministre. À l’avènement de l’AFDL de Laurent Désiré KABILA, Vital KAMERHE saute le navire et rejoint la nouvelle classe politique dominante.
Laurent Désiré KABILA est assassiné, son fils Joseph KABILA prend le pouvoir et nomme Vital KAMERHE commissaire général du Gouvernement chargé du suivi du processus de paix dans la région des Grands-Lacs. Son rôle déterminant dans la résolution de la longue belligérance qui écumait le pays à l’époque en fait un incontournable dans le cercle du nouveau président. En 2003, il devient ministre de la Presse et de l’Information de la Transition.
Chemin vers le divorce
7 ans avant son divorce brutal d’avec Joseph KABILA, le MWALIMU joue la partition principale dans la création du Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie « PPRD » et en devient Secrétaire général le 1er juillet 2004. Il fait ensuite élire Joseph KABILA aux élections de 2006 et sort dans la foulée son livre « Pourquoi j’ai choisi Joseph Kabila ». Il se fait à son tour élire Président de l’Assemblée nationale dans la même année. Poste qu’il occupe pendant un peu plus de 2 ans.
Vital Kamerhe démissionne de la présidence de la chambre basse du Parlement le 26 mars 2009, après avoir exprimé publiquement son opposition contre l’entrée sur le territoire congolais de l’armée rwandaise dans la fameuse opération« Umoja Wetu » destinée à traquer les FDLR. Il avoue ouvertement n’en être pas informé, moins encore ses collègues députés nationaux.
La naissance de l’UNC
Désormais opposant à Joseph KABILA, Vital KAMERHE crée son propre parti en Décembre 2010. Il le dénomme UNC « Union pour la Nation Congolaise ». Il se présente en 2011 contre Joseph KABILA et n’obtient que 7.74 %, loin derrière son ancien allié mais aussi piétiné par Étienne TSHISEKEDI. Il confirme cependant sa notoriété au Kivu où il rafle un nombre impressionnant de suffrages.
La rencontre avec TSHISEKEDI, le fils
Après s’être retiré de l’accord de l’opposition pour les élections de 2018, Vital KAMERHE et Félix TSHISEKEDI décident de faire route ensemble et finissent par remporter la présidentielle le 20 Janvier 2019, de manière assez surprenante bien-sûr.
Ne voulant certainement se séparer de son allié naturel et ami, le nouveau président de la RDC Félix TSHISEKEDI décide de garder le Pacificateur tout prêt de lui. Il le nomme Directeur de cabinet quelques 5 jours après son élection. Ce dernier se prend ensuite 20 ans de travaux forcés, 10 ans d’inéligibilité et d’interdiction d’accès aux fonctions publiques, pour détournements, corruption aggravée et blanchiment d’argent, par le Tribunal de grande instance de Kinshasa-Gombe dans le cadre du procès des 100 jours.
Après avoir interjeté appel, en juin 2022, la cour d’appel de Kinshasa finit par l’acquitter. Un peu plus d’un an plus tard, soit le 23 Mars 2023, Vital KAMERHE est nommé VPM de l’économie nationale, après le remaniement du gouvernement SAMA 1. 14 mois plus tard, il vient d’être élu nouveau président de l’Assemblée nationale dans un contexte de volatilité politique. Au total, le ticket de l’UNC aura récolté 371 voix sur 407 votants.
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