En tout cas, Patrick MUYAYA s’en félicite, tel quelqu’un qui revient de la chasse avec du bon gibier. Si le front militaire entre la République Démocratique du Congo et le Rwanda est en dent de scie, sur le front diplomatique en revanche, l’escalade continue. Les mots sont forts et les accusations sont d’une gravité alarmante, de part et d’autres.

Une victoire de Kinshasa?

La diplomatie dite agissante de Kinshasa peinait jusque-là à produire des résultats. Mais, depuis un certain temps, on a l’impression que les lignes bougent, certes pas considérablement, mais significativement. Un constat fait également par le Porte Parole du Gouvernement congolais. « Sur le front diplomatique, nous avons enregistré d’énormes progrès pour le retour de la paix dans l’Est de notre pays », se felicite-t-il.

De quelle victoire parle-t-on ?

Dans une guerre entre deux ou plusieurs États, l’approche diplomatique, au delà des combats de terrains, est très cruciale. C’est de son fait que les États belligérants tentent de légitimer leurs positions vis-à-vis de leurs adversaires, et par conséquent s’attirer des alliés. En gros, la diplomatie vise à s’attirer les alliés nécessaires à une guerre.

Or, tel qu’on peut le constater, Kinshasa parvient à rafler plus d’adhésions que Kigali. Les chouineries de Paul KAGAME sur la prise à partie de plusieurs chefs d’Etat, en faveur de la RDC, en dit long. Le cas de l’Afrique du Sud, un allié de taille à Kinshasa, inquiète sérieusement le président Rwandais, qui n’a d’ailleurs pas vu d’un bon œil le déploiement des troupes de la SADEC au Nord-Kivu, au profit de Kinshasa.

 » L’Afrique du Sud a tort, et, à ma connaissance, cela ne lui ressemble pas. Compte tenu de son histoire, de ses relations avec les pays tiers, pourquoi devrait-elle se laisser entraîner là-dedans ? Quelque chose ne va pas, c’est certain. Il y a une raison sous-jacente. Je ne vois pas comment l’Afrique du Sud pourrait se sentir à l’aise en faisant le travail d’un tiers, c’est-à-dire en menant la guerre en RDC ». Des mots extraits de l’interview du président rwandais sur Jeune Afrique, qui en disent long sur la défaite diplomatique que connait, graduellement le Rwanda, dont le statut pourrait passer de « L’intouchable » à celui de « Paria international ».

Mine de rien, le fait pour Kagame d’avouer, quoiqu’à demi-mots, la présence des troupes rwandaises sur le sol congolais, est une autre manifestation de la victoire diplomatique de Kinshasa. L’homme fort de Kigali ne pouvait jamais cracher aussi ouvertement le morceau, le connaissant comme un taciturne qui ne dilapide pas ses cartes en un petit tour de jeu. Peut-être qu’il panique de plus en plus comme estiment plus d’un.

En peu de mots, Kinshasa inquiète Kigali. Les velléités guerrières renvoyées par les dirigeants congolais dont les populations n’attendent qu’une chose : La déclaration de la guerre contre le Rwanda, met le pays des milles collines dans une situation de « Qui Vive » et d’alerte maximale.

A propos de l'auteur

Par: Gaéthan Kombi

Politologue, Chercheur en Sciences Politiques et Administratives. Éditorialiste, Consultant politique et Chroniqueur sportif.