World Press Photo : La photojournaliste congolaise Arlette Bashizi remporte la mention Honorable en Afrique
C’est un grand événement dans le photojournalisme congolais. Arlette Bashizi, basée à Goma, a gagné la mention Honorable Afrique au concours World Press photo 2024. C’est grâce à sa série photo « Survivantes », documentée en Ethiopie que la jeune femme a eu la palme.
Depuis l’avènement du virus Ebola en RDC, le domaine du photojournalisme a pris de l’ampleur au sein de la communauté congolaise des photographes. Arlette Bashizi fait partie de ces dames qui se démarquent au quotidien dans cet art de raconter les histoires et d’informer à partir des images. Moins de 4 ans en professionnel et voici un trophée qu’elle n’oubliera jamais dans sa carrière.
La gomatracienne est partie à la rencontre des survivantes de violences sexuelles dans la région de Tigré, en Éthiopie. Sa série photo « Survivantes » a été publiée par le prestigieux quotidien américain Washington Post. Le projet a documenté les histoires personnelles de survivantes de violences sexuelles et leur incroyable résilience dans la reconstruction de leur vie.
Le conflit de 2020 dans la région du Tigré en Éthiopie a duré deux ans, entraînant environ 600 000 morts et des millions d’autres confrontés à une famine extrême. Bien que les chiffres exacts soient difficiles à confirmer, une étude approfondie estime que plus de 100 000 femmes pourraient avoir été victimes de violences sexuelles au cours de la guerre. En raison des préjugés sociétaux et de la stigmatisation entourant le viol et les agressions sexuelles, nombre de ces femmes luttent dans l’isolement, rejetées par leur famille et leur communauté.
« Je suis tellement excitée et humble de voir ce projet que j’ai fait en Éthiopie recevoir la mention honorable dans le concours World Press photo », s’est réjouie Bashizi sur ses réseaux sociaux. « Je dédie ce prix aux femmes extraordinaires qui travaillent dur pour reconstruire leur vie malgré les atrocités qu’elles ont subi, merci pour m’avoir permis de raconter vos histoires ».
Arlette se concentre sur des sujets liés à la santé, à l’environnement et à la culture, en gardant l’être humain, notamment les femmes et les jeunes, au centre de ses histoires en photographie.
Ces dernières années, elle a abordé des sujets allant de l’extraction de minéraux rares pour satisfaire la demande occidentale en véhicules électriques, aux répercussions du conflit au Congo au Tigré, en passant par les conséquences destructrices du changement climatique dans la région.
En 2020, Bashizi a contribué au projet collaboratif « Congo in Conversation » de Finbarr O’Reilly, qui a marqué le début de sa carrière professionnelle. Depuis, elle travaille pour des journaux tels que le New York Times, le Washington Post et The New Humanitarian. Elle collabore à l’agence de presse Reuters et travaille comme consultante auprès d’organisations internationales.
Bashizi est membre de l’ African Photojournalism Database, un répertoire de journalistes visuels africains émergents et professionnels établi par la World Press Photo Foundation et Everyday Africa.
« Je suis tellement reconnaissante à tous ceux qui ont soutenu mon travail, merci pour tous les conseils d’orientation et d’encouragement que j’ai reçus depuis le premier jour, à Finbar O’reilly et à toute la famille professionnelle », a-t-elle conclu son message.
World Press Photo est une organisation indépendante et non lucrative fondée en 1955 et basée à Amsterdam, aux Pays-Bas.
Son but est de stimuler et soutenir le développement du photojournalisme, d’encourager la transmission de connaissances dans ce domaine et de promouvoir l’échange libre et non-restreint de l’information. Cette organisation travaille à l’échelle internationale. Elle organise ainsi de nombreux évènements à travers le monde : conférences, ateliers et, une fois par an, le « Joop Swart Masterclass ».
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