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Ijabo Slam Festival : les artistes congolais appellent à la paix à Kigali

Ijabo Slam Festival : les artistes congolais appellent à la paix à Kigali

Le tout nouveau Ijabo Slam Festival, organisé par Umut Arts et ses partenaires, a connu son épilogue le 11 octobre à l’Institut Français de Kigali, au Rwanda. Pour cette dernière soirée, la scène a été presque entièrement dominée par des artistes congolais, qui se sont révélés particulièrement éloquents.

Cette première édition du festival, qui s’est déroulée sur deux jours, du 10 au 11 octobre, a été conçue comme une rencontre annuelle pour célébrer la poésie tout en abordant des thèmes tels que la paix, la cohésion sociale et d’autres sujets d’importance, réunissant des artistes de la région des Grands Lacs africains. Après une première soirée où le kinyarwanda, le kirundi et l’anglais ont été à l’honneur, le festival s’est clôturé avec des performances en français par des artistes congolais invités.

Tous originaires de Goma, en République Démocratique du Congo, les membres du collectif Goma Slam Session ont fait vibrer et réfléchir le public avec des messages sur l’amour, leur ville natale, les réalités politiques et, surtout, la paix, un état qu’ils n’ont pas connu depuis trois décennies.

Pour ouvrir la scène, les slameurs fédérateurs, un projet réunissant des collectifs d’artistes slameurs du Rwanda, du Burundi et de la RDC, ont présenté un spectacle d’une dizaine de minutes. Parmi eux, Nina Salim, Karine Odile, Franky Dheve et Barhebwa Gauthier ont livré des performances captivantes, appelant à l’unité des populations des Grands Lacs africains. « Voilà pourquoi j’émets ce vœu : que les prières qui transitent par ce slam permettent de sceller les promesses et les accords… chez toi, Grands Lacs », a déclaré Dheve. Elle a continué par exprimer son indignation face à ceux qui piétinent l’unité, évoquant le triangle territorial qui englobe le Congo, le Rwanda et le Burundi : « Les mots s’envolent de ma bouche pour porter des messages de paix et d’unité, des messages d’amour dictés par la raison. » Cette scène a brillamment illustré comment les barrières linguistiques et culturelles peuvent être franchies au service d’un objectif commun.

« Nous avons tous droit d’être aimés et de vivre en paix »

Osée Elektra, avec son style énergique, a su capter l’attention du public. Premièrement assis, il a relaté l’importance de la poésie comme vecteur d’expression et de sensibilisation. Ensuite debout et devant les spectateurs , alliant le swahili et le français, il a livré 3 textes. « Le Soldat » a touché un public composé d’Européens, de Rwandais, de Burundais et de Congolais. « C’était un moment d’enrichissement pour le poète que je suis », a déclaré Osée dans une interview exclusive à notre média. « L’art transcende les politiques ; il crée des ponts entre les populations. Ma mission ici était de conscientiser le peuple à s’approprier la situation actuelle. »

Après un spectacle vibrant de Karine Poet, acclamée par ses compatriotes rwandais, Esther Abumba a pris le relais pour clôturer la soirée en beauté. Surnommée « la boule d’énergie », elle a envoûté le public avec ses textes, accompagnée de la guitare d’Ibrahim Tchomba et des harmonies vocales de Louison, deux autres artistes congolais. Dans ses performances, Esther a fait appel à l’unité et a partagé ses luttes à travers la poésie. Son hommage à Goma, souvent décrite comme « l’enfer de sang », a révélé des facettes méconnues de cette ville touristique, suscitant une ovation collective où le public chantait en chœur : « Karibu Kwetu », signifiant « Bienvenue chez nous ».

« Mon plus grand message était celui de la cohabitation pacifique », a affirmé Esther. « Au-delà de nos différences culturelles, nous sommes tous humains, tous africains, et nous avons le droit d’être aimés au-delà de nos tribus, malgré un passé marqué par les conflits. Nous avons tous le droit et la chance de vivre en paix. »

Ce festival s’inscrit dans la lignée d’événements culturels visant à favoriser le retour à la paix par le biais de l’art. Les organisateurs et les artistes participants demeurent pleins d’espoir, convaincus de pouvoir offrir une alternative aux politiques souvent centrées sur des intérêts personnels.

A propos de l'auteur

Par: David KASI

David KASI est consultant en Communication et Journaliste indépendant, spécialisé en culture, arts, sport et société. Il travaille aussi dans la presse écrite et collabore avec des médias internationaux en tant que free-lance. Également, il est photo-journaliste.
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