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GOMA : Chaleur, poussières et sans eau, la vie s’effrite en ville

GOMA : Chaleur, poussières et sans eau, la vie s’effrite en ville

Qui a dit qu’être proche d’une ressource veut dire y avoir l’accès ? Si non, dites-moi comment Goma, malgré sa proximité avec le lac Kivu, peine à s’approvisionner en eau potable.

Oui, ç’a l’air un peu sorcier.

Tous les ans, les Gomatraciens se préparent à la pénurie d’eaux potables. Ils incrivent ce manque dans leur agenda. Ils savent consciemment qu’il leur est impossible d’échapper à ce chemin de croix qui est devenu une habitude calendaire.

Les robinets se dessèchent, laissant place à un défilé des bidons jaunes. C’est le cas de cette période où il s’observe une grande sécheresse et un fort ensoleillement sur la ville.

Les jours sont durs, et donc les nuits sont très courtes pour les habitants de Goma, généralement ceux des quartiers boréaux, qui se lèvent tôt, jerricans en main, pour aller quérir de l’eau, parfois à des dizaines de kilomètres. Les trajets sont souvent longs et les risques d’agression sont élevés, notamment pour les femmes qui sont quelquefois victimes des viols à ces heures de pointe inhabituelle.

Au delà de ce côté “rareté” de l’eau, l’autre plus grand danger que traverse la population de Goma, c’est l’impotabilité de l’eau consommée, par défaut. Etant donné que les robinets sont secs, la vente de l’eau devient un business, les entrepreneurs opportunistes se déchaînent. L’eau fait des bonnes affaires. Ce, à plusieurs niveaux.

D’abord, les propriétaires des camionnettes, généralement en obsolescence technique, se servent de leurs engins roulants, quasiment à l’agonie technique, pour en faire des transporteurs d’eaux, du lac vers les quartiers sevrés de cette ressource vitale. Il est donc normal et très fréquent que la plupart de ces rouilles roulantes finissent leurs courses sur les passants, causant souvent des morts. Les gomatraciens leur ont trouvé d’ailleurs le bon qualificatif : “Esprit de mort”, en rapport avec les désastres qu’ils causent.

Ces camionnettes sont habillées d’une sorte de réservoir à leurs derrières. Ceux-ci servent à conserver l’eau transportée vers les points de distribution tenus par des revendeurs détaillants. Ces derniers réceptionnent l’eau précommandée à partir du lac, ils la conservent à leur tour dans des tanks, généralement faits en bâches, pour ensuite la redistribuer aux nécessiteux, moyennant une certaine marge de profit. Sauf que, les exigences de santé sur ces “tanks” ne sont que très rarement observées. Souvent, l’eau y fait long feu, y pourrit et c’est les derniers consommateurs qui le constatent d’eux-mêmes, après consommation. L’eau perd de son insipidité et sa sanité. A cause de : son mauvais traitement à l’étape de chargement au lac, la malpropreté des réservoirs de camions transporteurs, la rareté d’entretien des tanks de revendeurs mais aussi sa longévité dans ces récipients.

Les risques de maladie, notamment pour les enfants sont énormes. La Regideso elle, dispose d’un même refrain pour justifier cette pénurie. Elle avance systématiquement l’argument de la panne technique, comme si son incompétence n’y était pour rien.

Excellente journée mondiale de l’eau, mes très chers Gomatraciens.

A propos de l'auteur

Par: Gaéthan Kombi

Politologue, Chercheur en Sciences Politiques et Administratives. Éditorialiste, Consultant politique et Chroniqueur sportif.
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