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Tribune : C’est inutile et contreproductif de déclarer la guerre au Rwanda

Tribune : C’est inutile et contreproductif de déclarer la guerre au Rwanda

L’État doit sa vie à la guerre. Tel que j’ai toujours postulé, ce n’est pas la beauté ou la docilité d’un État qui en garantit la sûreté sur la scène internationale, mais avant tout sa capacité à effrayer militairement.

Les États sont obligés de se faire la guerre. Naturellement, ils sont disposés à s’affronter, autant l’affirmation sur une scène internationale en forme de jeu de billard l’oblige. Les États s’entrechoquent, les uns contre les autres, dans la quête de l’espace, de l’hégémonie et des ressources. “La guerre est d’une importance vitale pour tout État” , écrivait à ce sujet l’écrivain chinois Sun Tzu dans son “art de guerre”.

Ayant compris cette évidence, les États ont levé l’option d’encadrer cet exercice qui leur est finalement inhérent. Le Droit de la guerre dit Droit de La Haye et tous les barbelés mis autour par le Droit International Humainitaire ont été installés quant-à ce. Sauf que, la difficulté se situe au niveau de la “déclaration de la guerre” par les États.

En politique interétatique, la stratégie du “camouflage” est de fort usage. Les États préfèrent ne pas se déclarer la guerre. Pas parce qu’ils n’en ont pas le moyens ou ils ne se la livrent pas, mais pour contourner les règles y relatif. La guerre est faite pour être gagnée et ce, par tous les moyens, y compris ceux présentant une extrémité parfois antihumaniste.

Ainsi, les États belligérants préfèrent ne pas s’enfermer dans les règles de la guerre en se la déclarant ouvertement. Et pourtant, “On bombarde des villes sans être en guerre avec leurs possesseurs” , s’étonnait le Duc de Broglie, en 1883.

Si la déclaration de la guerre a été trop usuelle lors des guerres mondiales, cette pratique a disparu sur la scène internationale depuis plusieurs décennies maintenant. Rares sont les États qui trouvent cette audace de déclarer la guerre à d’autres pour des raisons évidentes dont je venais d’étayer la teneur ci-haut.

La RDC dans une impasse face à l’agression Rwandaise

Plus d’un congolais attend que le President TSHISEKEDI prenne la mesure des escarmouches lui opposées par le Rwanda, au Nord-Kivu. Ils ne veulent qu’une chose pour la plupart : La déclaration ouverte d’une guerre contre le Rwanda. Une attitude belliqueuse qu’ils ont adoptée, à force de subir pertes et humiliations.

Sauf que, de nos jours, les guerres ne se déclarent presque plus. Stratégiquement, ce serait non seulement s’enfermer dans un nouveau régime juridique, dur, rigide et contraignant, qui n’est opposable qu’aux États déclarateurs. Dans cette situation, seule la RDC, et non le Rwanda, s’enfermerait dans les garde-fous des règles du Droit International relatives à la guerre.

Déclarer la guerre au Rwanda serait ainsi une grosse prise de risque stratégique et une entorse opérationnelle. Tous les États qui se livrent la guerre aujourd’hui le savent.

Il ne suffit plus d’une déclaration pour se dire être en guerre. Desormais, la guerre se constate plus qu’elle ne se déclare. Les bombardements d’un territoire étranger par un État peut par exemple constituer une déclaration, De Facto, de la guerre.

La Russie n’a jamais déclaré la guerre à l’Ukraine, pourtant le Kremlin y est bien en guerre. Même si les concepts dilués tels que “Opérations militaires, missions militaires, invasions…” sont utilisés pour s’éviter les conséquences juridiques imposées par le Droit de la guerre.

Au regard de cette nouvelle représentation, il est claire que la “guerre” existe bel et bien entre la RDC et le Rwanda. Si au Congo on ne le comprend pas encore, chez son petit voisin c’en a tout l’air.

Pourquoi déclarer formellement ce qui l’est déjà factuellement, au point de s’enfermer seul, et non l’adversaire dans les barbelets du Droit de la Guerre ?

Au stade actuel, déclarer la guerre au Rwanda serait un coup d’épée dans l’eau, ou mieux un enfermement inutile. Ça servirait peut-être juste à un soulagement de conscience.

A propos de l'auteur

Par: Gaéthan Kombi

Politologue, Chercheur en Sciences Politiques et Administratives. Éditorialiste, Consultant politique et Chroniqueur sportif.
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